Billet d'humeur Audrey 7/03/10
Jeudi 4 mars au soir, dîner avec Stéphanie, une française expatriée en Chine depuis 5 ans. Au menu, « œufs de cent ans » (et oui, finalement c'était très bon ;), poulet au citron, canard laqué et une discussion toute aussi savoureuse. Elle nous parle de cette Chine paradoxale. Biensur il y a des clichés, qui s'effacent vite pour faire place à des réalités. Un peuple massif qui doit être contrôlé strictement pour éviter tout débordement dont les conséquences pourraient être démultipliées. Ici, pas de facebook, u-tube, dailimotion ni tant d'autres, à moins d'avoir un bon proxy et de payer. L'information est censurée, la propagande presque toujours d'actualité. Communisme et capitalisme se mêlent étrangement pour fondre un peuple patriotique, fier de sa nation. Mais de grandes inégalités demeurent. Des grosses cylindrées aux petits hommes qui ouvrent les poubelles pour y récupérer des déchets à revendre. Tout ça sur fond de corruption. Et puis elle nous raconte aussi ce réseau de relations, primordial ici. Cet échange de bons procédés, qui permet de trouver un job, évoluer, créer des liens, vivre quoi. Et pour finir, ce « précepte » ancré dans la culture : « Ne jamais perdre la face ».
En tant que petite occidentale ignorante de cette culture je suis déroutée. Depuis notre arrivée, le fossé créé par la langue me donne l'impression d'un peuple hermétique et réfractaire à la rencontre. Ce n'est pas pour rien qu'on a l'expression : « c'est du chinois... ». Moi si avide de comprendre les gens, je suis frustrée. Bref, c'est le choc.
En me parlant de son expérience, Stéphanie m'ouvre l'esprit. Les chinois ne sont pas racistes, mais même avec une solide volonté à s'intégrer, elle restera toujours une Lao Wai (« vieil étranger »). Détail au passage, leurs clichés sur les français (pour les chinois qui connaissent notre existance) accentuent le décalage. Nous sommes tous très romantiques, nous nous tenons par la main et nous embrassons en toute liberté, nous nous demandons en mariage dans les jardins publics et pouvons passer nos journées attablés aux terrasses des cafés parisiens.
Au moment de l'addition, Stéphanie refuse que nous l'invitions au nom de « l'hospitalité chinoise ». Ces mots sonnent bizarrement avec une telle profondeur que l'on n'ose même pas insister. Je comprends alors... Que les comparaisons ne sont au final plus d'aucune utilité, que le monde apparaît selon le regard qu'on lui porte et les efforts que l'on veut faire.
Cette rencontre fait tomber mon mur des préjugés en me donnant une bonne leçon d'humilité.
Alors encore une fois : xié xié beaucoup! (Et un « couscous au Groënland » ou ce que tu veux, nos chemins se croiseront encore...)